Tuesday, April 26, 2011

Tramin, Traminer, Traminette …


“Il est sans aucun doute l’un des vins d’Alsace les plus charmeurs et les plus faciles d’accès. Déployant des arômes intenses et variés, le gewurztraminer est le seul cépage alsacien qui a enregistré une hausse de ses ventes dans les supermarchés en 2006 (+4,8%).
Une progression qui doit certainement beaucoup aux multiples approches gastronomiques qu’il permet et aux tendances culinaires actuelles, qui ne cessent de valoriser les “cuisines du monde”, entre spécialités mexicaines, indiennes, chinoises et plus généralement asiatiques.
Si la ménagère française est encore loin d’avoir délaissé son rôti de veau – haricots ou son boeuf bourguignon – gratin dauphinois, elle s’aventure de plus en plus dans la préparation de mets exotiques et de plats sucrés-salés lorsqu’il s’agit d’épater les convives. Dans ce cadre, le gewurztraminer lui ouvre toutes les portes, avec ses arômes de fruits (litchis, agrumes, coing, pamplemousse…), de fleurs (rose, géranium), ses parfums épicés (cannelle, poivre, paprika…) et ses sucres qui permettent d’adoucir le feu des recettes pimentées. Il n’y alors qu’une seule règle d’or à suivre : plus un plat est relevé et plus le gewurztraminer l’accompagnant devra se montrer puissant et doux. Pour autant, le gewurztraminer reste un allié de choix pour des préparations plus traditionnelles. Les desserts peu sucrés et les fromages corsés (bleu, munster, roquefort) s’entendent parfaitement avec lui et il fait toujours un malheur à l’apéritif pour peu que l’on s’oriente vers un vin presque sec et peu puissant.
Dans certaines régions françaises, il n’est pas rare de croiser la route du gewurztraminer sur une choucroute ou des fruits de mer. Une véritable hérésie en Alsace, mais, après tout, tous les goûts sont dans la nature…Originaire de Tramin, un village du Haut-Adige (d’abord autrichien, puis italien), le cépage traminer a fait son entrée en Alsace au XVIe siècle.
Il a donné naissance à deux souches. La première, le savagnin rose, survit encore en Alsace sous le nom de Klevener de Heiligenstein, alors que la seconde, par le biais de sélections visant à affirmer son caractère musqué, est devenue le gewurztraminer alsacien tel qu’on le connaît aujourd’hui.
De l’avis de nombreux spécialistes, c’est en Alsace et en particulier sur des terroirs calcaires et marno-calcaires qu’il s’exprime le mieux. Mais il est planté et vinifié aux quatre coins de la planète, de l’Allemagne au Canada, en passant par l’Australie, la Nouvelle-Zélande, la Suisse, l’Italie du Nord, l’Argentine ou encore l’Autriche et le Chili. La concurrence mondiale est en ordre de marche et elle pourrait bien se renforcer encore avec le développement aux Etats-Unis de la “Traminette”, un hybride issu d’un croisement entre le gewurztraminer et la souche Joannes Seyve 23-416.
Cet hybride, créé par Herb C. Barrett à l’Université de l’Illinois en 1965, a fait l’objet d’un programme de recherches et de développement par la Station expérimentale d’agriculture d l’Etat de New York à partir de 1968. Trois ans plus tard, les premiers raisins de Traminette virent le jour et ce n’est finalement qu’en 1996 que la production de vin de Traminette a été officiellement autorisée outre-Atlantique. Ce gewurz piraté “made in USA” présente la particularité de s’accommoder avec le climat frais voire froid de l’Amérique du Nord et d’être plus résistant aux maladies que notre bon vieux gewurz à nous, tout en conservant, paraît-il, des caractéristiques aromatiques en tous points semblables au cépage gewurztraminer. Le domaine Arbor Hill a été le premier, au milieu des années 90, à produire des vins 100% Traminette.
John Brahm, le maître des lieux, ne cache pas son enthousiasme : “La Traminette s’annonce comme une nouvelle catégorie de vin blanc au fort potentiel de garde. D’abord épicé, le vin de Traminette révèle en vieillissant des arômes de miel et d’abricot pour finalement atteindre les caractéristiques d’un superbe Sauterne français”. Rien que ça…
Si la comparaison semble légèrement exagérée, il n’empêche que la Traminette a très vite conquis le coeur des spécialistes, en décrochant de multiples récompenses dès son arrivée sur le marché, lors de concours organisés, entre autres, par l’American Wine Society. Si la production de Traminette reste encore assez anecdoctique aux Etats-Unis (seuls certains Etats, comme le Michigan et l’Illinois, ont développé la plantation de cet hybride), elle devrait logiquement prendre de l’ampleur à l’avenir tant les pionniers en la matière ont obtenu d’encourageants résultats sur la dernière décennie.Mais le “traficotage” du gewurztraminer est toutefois plus ancien, car dès 1932, l’Allemand Georg Scheu avait croisé le gewurztraminer et le Müller-Thurgau pour créer le “Würzer”.
Cet hybride n’a cependant rencontré qu’un succès tout relatif, sa surface de plantation se réduisant au cours des décennies à une peau de chagrin. Une centaine d’hectares lui étaient encore consacrés en Allemagne, en 2001.
En 1938, le Dr Harold Olmo avait quant à lui croisé le Sémillon et le Gewurztraminer à l’université de Californie. L’hybride, appelée “Flora” se retrouve aujourd’hui encore, mais en quantité limitée, en Californie, mais aussi en Nouvelle-Zélande et en Australie.Georg Scheu
(source : www. rheinhessen.de)Parmi ces différents hybrides, seule la Traminette paraît donc en mesure de faire éventuellement du tort, à l’avenir, au gewurztraminer alsacien.
Mais n’oublions pas que le gewurztraminer, le vrai, reste planté dans la plupart des pays du “Nouveau Monde” et que cette concurrence, difficile à appréhender, pourra prochainement être évaluée à l’occasion de la première édition du Concours Gewurztraminer du monde, qui aura lieu à Strasbourg le 2 juin prochain.
Un véritable événement qui devrait donner de précieuses indications sur la qualité des gewurztraminers produits à l’étranger.”
Source: http://www.20dalsace.com/pages/dossier_gewurztraminer.htm

Said: http://aboutwinesandmore.wordpress.com/

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